La green logistics : une nécessité pour le climat

L’accord de Paris de 2015 sur le climat comporte un engagement de réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre de 40 % en 2030 par rapport à 1990. Ces dispositions sont reprises dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte et rappelées lors des sommets successifs, notamment celui de la COP23 en novembre 2017. Lors de ce sommet, les objectifs de réduction des émissions de GES ont même été renforcés sur la base du volontariat. 



Bien sûr, le transport n’est pas le seul secteur concerné mais il est un fort contributeur aux émissions globales de la France. Le CITEPA (Centre Interprofessionnel d'Etudes de la Pollution Atmosphérique), organisme officiel de mesure des impacts environnementaux, indique que les émissions globales de CO² ont diminué entre 1990 (année de référence) et 2016 de 362 Mt à 290 Mt. C’est une bonne nouvelle et nous serions donc, à la lecture de ces chiffres globalisés, sur la bonne voie. Mais l’analyse sectorielle est plus problématique. Les secteurs de l’industrie manufacturière, de la transformation énergétique et de l’immobilier (résidentiel et tertiaire) ont vu leurs émissions se réduire sensiblement. Par contre, les émissions générées par le transport routier sont passées durant cette période de 110 à 122 Mt alors qu’elles devraient, d’ici 2030, diminuer de 110 à 66 Mt si l’on applique le coefficient de réduction de 40%.

Les émissions de CO² générées par les voitures individuelles et véhicules utilitaires continuent donc d’augmenter, ceci malgré l’amélioration des motorisations.

D’ici 2030, afin de respecter l’objectif de l’accord de Paris, il est nécessaire de réduire quasiment de moitié les émissions de GES dans le secteur des transports, voitures individuelles, camions et véhicules utilitaires légers. Il s’agit alors, à court et moyen terme, d’un changement radical de modèle.

La green logistics, dont nous parlons depuis plusieurs années, n’est alors plus un vain mot, c’est une nécessité.

Pour être green, les plates-formes logistiques doivent être localisées de façon optimale afin de générer des flux de transport, en amont et en aval, les moins impactant sur le plan environnemental. Idéalement, des infrastructures multimodales peuvent apporter cette réponse. Sites ferroviaires, comme Clésud à Miramas ou Delta 3 à Lille. Des sites en lien direct avec le futur Canal Seine Nord Europe, comme le site de Bruyères-sur-Oise, trouvent toute leur pertinence. Ces sites multimodaux doivent devenir des pôles d’attraction de plates-formes logistiques afin d’optimiser les transports amont, qui peuvent alors être effectués, au moins partiellement, par des modes alternatifs à la route.

Les plates-formes logistiques portuaires, au Havre, Marseille ou Dunkerque, permettent d’optimiser la chaîne logistique pour les flux import, en réduisant les kilomètres.

Sur le plan de la construction des sites, les développeurs font souvent preuve d’initiatives qui permettent de réduire l’impact environnemental des sites. Par exemple, la nouvelle plate-forme réalisée pour DHL Supply Chain et son client Métro à Mitry-Mory comprend un embranchement ferroviaire, afin d’anticiper les évolutions futures. De nombreux efforts environnementaux sont réalisés dans ce bâtiment, avec notamment un éclairage intérieur en LED.

La prise de conscience des efforts à réaliser touche de nombreux secteurs de la distribution. La nouvelle plate-forme de consolidation de flux de 48 000 m² du groupe OCP, réalisée à Baule (Loiret), constitue également un exemple. Ce site, qui intègre un ensemble de panneaux photovoltaïques, est certifié HQE exceptionnel pour ses phases programme et conception.

La green logistics comprend aussi les flux avals. Il s’agit là de livrer de façon la plus propre et la plus consolidée possible une zone de distribution. La transition énergétique est clairement engagée avec un développement des camions roulant au GNV. En 2020, le territoire français sera maillé de 250 stations publiques. L’offre de véhicules sur le marché doit permettre une augmentation sensible du parc de véhicules. Le parc mondial de véhicules au GNV est de 19 millions. Mais en France, il n’est que de 13 000, essentiellement constitué de véhicules légers, bennes à ordures et bus. Le nombre de véhicules de livraison fonctionnant au GNV est en constante augmentation, aidé par une offre plus attractive et un maillage progressif de stations.

Le GNV permet une diminution des émissions de CO² par rapport au diesel, notamment si le gaz provient de projets de méthanisation de déchets.

La localisation de stations GNV, mais aussi de bornes électriques de charge rapide devient une nécessité à proximité des sites logistiques, afin de favoriser la transition énergétique.

Les efforts de consolidation des flux, permettant de mieux occuper les véhicules et d’en réduire le nombre, sont particulièrement visibles dans la distribution, leurs fournisseurs et les prestataires logistiques. Le pooling, permettant de livrer simultanément les commandes de fournisseurs parfois concurrents entre eux, en est un bon exemple.

Choix de localisation des sites, mutation des transports amont d’approvisionnement des sites, conception des plates-formes, transformation de la distribution aval. Ce sont là les principaux chantiers pour les années à venir permettant de faire de la logistique une activité plus verte, et d’inverser la tendance des émissions de Gaz à Effet de Serre. 

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