La réindustrialisation au service du made in France


La part de l’industrie manufacturière dans le PIB de la France n’est que de 10,1%. En comparaison, elle est de 21,1% en Allemagne et 14,7% en Italie. Entre 1974 et 2019, le nombre d’emplois industriels est ainsi passé de 5,72 millions à seulement 3,17 millions, représentant une diminution de 44%.
Depuis plusieurs années, et de façon encore plus sensible depuis la crise du COVID-19, la réindustrialisation de la France répond à une prise de conscience de notre dépendance économique mais aussi du coût environnemental des délocalisations. Elle devient une réalité. Les exemples des pays voisins montrent que la désindustrialisation n’est pas une fatalité.
L’emploi industriel retrouve depuis fin 2017 une légère tendance positive, à l’exception de l’année 2020. Mais les enjeux imposent d’accélérer ce rythme pour retrouver notre indépendance dans un certain nombre de secteurs stratégiques, notamment celui de la santé.
Les initiatives ne manquent pas pour montrer que l’industrie française, longtemps oubliée, est une réalité. L’exposition du photographe Dimitri Tolstoï « Territoire d’Industrie », devant la gare de l’Est, nous trace un paysage que nous avons plaisir à redécouvrir, de Bleu Forêt à General Electric, des papeteries Clairefontaine à Tarmac Aerosave. Changer l’image de l’industrie, sensibiliser le consommateur et retrouver une attractivité territoriale sont là les principaux objectifs que véhicule cette exposition.

Apporter des solutions flexibles d’implantation
Image parfois oubliée, la concurrence des territoires pour attirer les nouvelles industries devient une réalité. Mais contrairement à la logistique, l’industrie nécessite souvent des locaux aux caractéristiques spécifiques. C’est sur ce sujet qu’Elcimaï et l’EPA Sénart ont travaillé afin de concevoir une usine du futur, flexible et modulaire. Ce concept dénommé « enveloppe industrielle durable » a pour objectif de s’adapter aux usages des occupants, de la production aéronautique à l’élaboration de produits cosmétiques. La première usine 4.0 réalisée avec ce concept de modularité durable, d’une surface de 22 000 m², verra prochainement le jour sur le parc d’activités du Bois des Saint-Pères (Cesson - Savigny-le-Temple).

Réindustrialisation et logistique sont étroitement liés
Le volet « soutien à l’investissement et la modernisation de l’industrie » du plan France Relance montre une ambition notamment orientée sur les secteurs de l’agroalimentaire, de la santé, de l’électronique et sur les intrants essentiels de l’industrie (chimie, métaux, matériaux, etc.). L’appel à projets de France Relance mais aussi les initiatives des régions ont permis fin 2021 d’identifier 624 projets de relocalisation. Le made in France devient alors progressivement une réalité.
Mais ce soutien à l’investissement industriel doit aller de pair avec l’offre logistique des territoires. Le président d’Afilog, Claude Samson, a rappelé le 29 mars 2022, lors du comité des partenaires de la Métropole du Grand Paris, que la réindustrialisation des territoires nécessite d’accepter le développement des activités logistiques, qui découlent souvent des besoins industriels.

Le made in France participe à construire une supply chain durable
La réussite du made in France ne peut pas reposer uniquement sur les acteurs publics. Les distributeurs et les consommateurs doivent s’impliquer pour transformer les initiatives en réalité durable. Lors de la conférence du 25 mars 2022 sur la supply chain durable réalisée par Grand Paris Sud, en partenariat avec France Supply Chain, Emery Jacquillat, Président de la Camif, a montré comment un e-marchand peut faire le choix du made in France. La CAMIF propose aux consommateurs des produits de proximité et en grande majorité français. 75% des produits vendus par ce distributeur sont fabriqués sur notre territoire et 90% en Europe. Le made in France permet de retrouver de l’activité économique et de l’emploi, mais aussi de réduire les distances et l’impact environnemental de la supply chain. La Camif a fait de choix de développer les expéditions directes au départ des fournisseurs, solution qui permet de réduire les coûts mais aussi les distances de transport. Le made in France, dans des secteurs comme celui de l’équipement de la maison, très concurrencés par des importations d’Asie, est alors un levier de développement durable.
 
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