1er trimestre 2022 : l’e-commerce trouve sa croissance dans les services


Après 2 années tumultueuses et très favorables à l’e-commerce, les chiffres du 1er trimestre 2022 annoncent une pause, au moins dans le B to C. le secteur du B to B retrouve des niveaux de croissance élevées. Décryptage des dernières tendances…
Les tendances du e-commerce sont scrutées attentivement pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’e-commerce impacte les livraisons et le secteur du transport, en particulier les réseaux de livraison de colis. L’e-commerce constitue aussi un gisement important de croissance pour de nombreux acteurs du dernier kilomètre et de la logistique urbaine. De plus, la croissance du e-commerce participe au dynamisme de l’immobilier logistique.
L’e-commerce avait connu en 2020 une croissance exceptionnelle, de 32%[1], faisant passer la part de la consommation générée par cette forme de commerce de 9,9% à 13,4% en une seule année. Beaucoup d’observateurs s’attendaient à un repli assez logique dès 2021. Cela n’a pas été le cas. Les produits physiques vendus sur internet ont connu une croissance de 7% durant cette période. Les premiers chiffres de l’année 2022 viennent de paraître. Quelles sont les tendances ? Quels enseignements pouvons-nous en retenir ?

Un premier trimestre en demi-teinte
Par rapport à la même période de 2021, la croissance du secteur est de 11,8%, ce qui peut laisser penser à une continuité presque linéaire de la tendance constatée depuis une décennie. Pourtant, cette croissance masque deux évolutions contrastées. Les services, qui avaient souffert durant la crise du COVID-19, retrouvent un niveau très élevé et connaissent une croissance de 43% sur un an. En revanche, les produits physiques vendus sur internet, qui se traduisent par des plateformes logistiques et des colis livrés aux particuliers, connaissent une baisse de 12% par rapport au premier trimestre 2021.
Cette baisse soudaine arrive après une période de forte croissance du secteur. Toutefois, elle positionne le secteur du e-commerce à un niveau encore très élevé, 15% supérieur au chiffre du premier trimestre 2020. De plus, les ventes du commerce en ligne de janvier à mars 2022 sont supérieures de 20,4% à la même période pré-coronavirus de 2019[2]. En prenant un peu de recul, le secteur reste donc pour le moment sur une tendance haussière.
Autre tendance qu’il conviendra de poursuivre l’observation : celle du panier moyen. Pendant une décennie, la valeur du panier moyen a diminué, jusqu’à 59 €. Depuis la crise du COVID-19, le panier augmente et atteint désormais 62 €.
Mais ce tassement de la croissance se situe dans un contexte économique fragile. Après la crise sanitaire apparaît une crise internationale qui se traduit pour les consommateurs par un retour de l’inflation. Dans ce contexte, l’e-commerce retrouve des arguments favorables pour les consommateurs. En effet, les études de comportement des consommateurs montrent toutes que la première raison d’achat sur internet est d’accéder à un large choix de produits à des prix compétitifs. La hausse du prix du carburant incitera vraisemblablement des consommateurs à éviter de prendre leur véhicule pour des achats courants et à privilégier la commande à distance, donc sur internet.

Le cross-canal est une réalité
Les habitudes prises par de nombreux consommateurs durant la crise sanitaire perdurent. L’accès au choix, la facilité de comparaison des prix, mais aussi le fait de pouvoir consommer en utilisant moins son véhicule seront des éléments déterminants dans une période de priorité donnée au pouvoir d’achat.
Le click & collect, la livraison en ship from store[3] ou le drive ont souvent permis au consommateur de ne pas délaisser le point de vente. Les solutions apportées par les retailers pour faire du cross-canal un gisement de nouvelles offres commerciales portent leurs fruits. Les partenariats entre les enseignes se développent à l’instar des 65 corners Decathlon mis en place dans les magasins Franprix.

Le B to B retrouve des couleurs
Si les chiffres mitigés du e-commerce B to C montrent un ralentissement ponctuel de la croissance du secteur, il n’en est pas de même pour le B to B, qui connaît durant le premier trimestre 2022 une croissance très importante. La FEVAD estime que l’e-commerce B to B a progressé de 19,6% entre le 1er trimestre 2021 et la période identique de 2022.
Les exemples de réussite du e-commerce B to B ne manquent pas. Le marché international de Rungis a ainsi pris l’initiative d’un site web à destination des professionnels, Rungis Market, qui a débuté il y a peu. Dans un autre secteur, Coverguard, fournisseur d’équipements de sécurité qui a fortement misé sur l’e-commerce, a fait le choix de s’installer en région lyonnaise, à Mionnay, sur un site de 13000 m² qui sera livré au printemps 2023.
La période actuelle a comme particularité de placer le client, qu’il soit une entreprise ou un consommateur, face à des choix fondamentaux. L’e-commerce continuera à connaître un taux de croissance élevé en misant sur ses avantages : la performance logistique et environnementale, le choix des produits et la compétitivité des prix. Les grands acteurs du secteur, comme La Redoute, qui a récemment fait le choix de s’implanter sur le site d’E-Valley dans une plateforme de 110 000 m², ne s’y trompent pas en prenant des positions logistiques pour l’avenir.
 
 
[1] Croissance de la vente de produits physiques B to C – source Fevad
[2] Source Fevad
[3] Livraison à partir de produits présents dans un rayon de magasin permettant un service rapide dans un secteur de proximité
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