Pourquoi parlons-nous du dernier kilomètre ?

La notion de « livraison du dernier kilomètre » ou de « last mile delivery » correspond au maillon final de l’opération de transport. Il s’agit de l’approche et de la livraison du destinataire final. Le dernier kilomètre a une importance considérable dans la chaîne du transport du fait de plusieurs facteurs.
 
Tout d’abord, il représente entre 20 et 40% du coût de transport. La gestion optimale de ce segment constitue un enjeu considérable pour les chargeurs. Pour les transporteurs, ce coût est souvent à l’origine d’une dégradation des marges et nécessite alors de sous-traiter certaines opérations. Pour le consommateur final, cette notion reste souvent abstraite. De nombreux e-marchands font de sa gratuité un argument commercial.

L’e-commerce a transformé cette notion de dernier kilomètre en l’orientant vers la problématique de livraison du consommateur. Livrer le consommateur final impose un autre niveau d’exigence que livrer un commerce. Le « dernier kilomètre », par le biais de services adaptés à la demande, devient donc partie intégrante du marketing. 
 
Autre problématique, le dernier kilomètre est de plus en plus rapide. En effet, les enjeux de la livraison en 24 heures, puis maintenant du « Jour J », impensable il y a peu de temps encore en raison des coûts du transport express ou de la course, est aujourd’hui un des éléments constitutifs de la livraison du dernier kilomètre.

Enfin, le dernier kilomètre est montré du doigt car il est source d’externalités négatives pour les villes : pollution locale, émissions de CO², bruit, occupation de la voirie, accidentologie.
Nous comprenons alors mieux pourquoi le « dernier kilomètre » est souvent associé à « problème ». Le problème du dernier kilomètre serait-il de résoudre la quadrature du cercle ? Serait-il ainsi de trouver un équilibre entre facteurs économiques, commerciaux, logistiques et environnementaux ?

L’optimisation de ces différents paramètres, notamment liés à la distribution des agglomérations, est devenue un des enjeux essentiels de la supply chain.
Tant pour des enseignes de distribution que pour des pure-players de l’e-commerce, la recherche de solutions de réduction des coûts, d’amélioration du service et de rapidité correspond à un des objectifs des directions supply chain. Les contraintes environnementales, marquées par la loi sur la transition énergétique et les annonces de suppression à terme du diesel dans certaines villes conduisent à imaginer de nouvelles solutions.
Une de ces solutions est de supprimer ce dernier kilomètre ou plutôt de le reporter sur le consommateur. Si le transporteur ne peut pas effectuer ce dernier kilomètre dans de bonnes conditions et à un coût acceptable par le client final, pourquoi ne pas le reporter sur le consommateur, qui pourrait alors l’effectuer lui-même ?
Cet enjeu est rendu possible par le développement des points de consolidation des flux laissant le consommateur récupérer le colis et le transporter lui-même jusqu’à son domicile. Les solutions sont multiples : le point relais traditionnel, les consignes automatiques, le click & collect, les « bureaux de villes » à l’instar des Pickup stores, les points de retrait de colis.

Apparaît alors la notion de « l’avant-dernier kilomètre » qui consiste à approvisionner ces points de consolidation des livraisons.

Sur un plan économique, expédier 20 colis vers une consigne ou un point relais est bien plus performant que d’effectuer 20 livraisons unitaires vers des destinataires parfois absents de leur domicile, qu’il faut alors livrer deux fois.

Sur un plan commercial, il est nécessaire d’apporter des solutions attractives permettant de compenser pour le consommateur le fait d’avoir à se déplacer pour collecter un colis qu’il transportera lui-même. Il faut donc éviter l’attente, développer l’accueil, minimiser le prix du transport et limiter au maximum les contraintes horaires.

Sur le plan logistique, livrer des points consolidés permet d’optimiser la chaîne et gagner un temps précieux. Cette livraison groupée de commandes permet aussi de mieux respecter les engagements, de limiter les risques sur le transport et d’industrialiser le dernier maillon de la chaîne.

Enfin, sur le plan environnemental, les effets dévastateurs de livraisons capillaires vers les internautes sont gommés par une massification des flux.
La façon la plus rationnelle d’optimiser le dernier kilomètre serait-elle donc de le supprimer ?
 
 
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