La pharmacie est-elle un commerce comme un autre ?

A l’heure de la déréglementation de certaines professions, attardons-nous sur le cas des pharmacies. Bien entendu, n’imaginons-pas de transformer n’importe quel commerçant en pharmacien. Le pharmacien a un tout autre rôle que de vendre des produits. Il conseille, vérifie, prépare, oriente en fonction des nombreuses situations quotidiennes.
 
Son implication directe dans la distribution des médicaments est une garantie de sécurité. En effet, la moitié des médicaments vendus dans le monde sur internet sont en fait des contrefaçons.

Mais la pharmacie évolue, comme les autres secteurs de l’économie et de la consommation.
Tout d’abord, la pharmacie ne pourra pas rester fermée au monde de l’internet et de l’e-commerce.

Depuis 2013, le code de la santé publique a fait un premier pas important en autorisant les pharmaciens titulaires à commercialiser sur internet certains médicaments. Ceci ne concerne que les médicaments de médication officinale qui peuvent être présentés en accès direct au public en magasin.

Ainsi, seuls les pharmaciens disposant d’un magasin physique peuvent vendre légalement certains médicaments sur internet. Le site proposé est soumis à de nombreuses contraintes et les médicaments proposés correspondent à un choix limité de produits « courants ».

De nombreux sites se sont ainsi développés et proposent des médicaments « de confort », mais aussi des gammes complètes de produits de parapharmacie. Les sites web disposant légalement de points physiques, ils interviennent, même si le marché est récent, sur une logique de cross-canal et peuvent proposer le retrait en pharmacie.
 
Sur un plan logistique, le secteur de la pharmacie dispose d’atouts par rapport à d’autres domaines. En effet, alors que certains secteurs découvrent au travers de l’e-commerce la préparation de commande à l’UVC (Unité de Vente Consommateur), les grossistes-répartiteurs le font depuis longtemps. Le secteur de la pharmacie est habitué depuis des décennies au principe de livraison jour J, qui constitue un des enjeux actuels de l’e-commerce.
 
La vente de médicaments sur internet sera probablement un des facteurs qui accélèrera l’évolution de la profession, en diminuant légèrement le nombre d'emplacements (actuellement 22 000 en France) et en développant les groupements de pharmacie. Ces groupements ont en effet constitué des activités logistiques autour de grossistes-répartiteurs dénommés « shortliners », qui approvisionnent ces boutiques sur des assortiments restreints de quelques centaines de produits correspondant assez bien à ceux qui sont proposés sur internet.

Ainsi, alors que la réglementation évolue, force est de constater que la logistique est déjà organisée de façon assez proche de celle de l’e-commerce. La grande différence sera la taille des commandes, beaucoup plus petite dans l’e-commerce que dans le B to B, mais aussi le conditionnement, qui est généralement effectué en bacs récupérable dans les pharmacies.
 
La vente sur internet ne sera donc probablement pas à court terme une révolution comme dans certains secteurs, mais constitue un des éléments qui accompagnent l’évolution de la profession et de son fonctionnement logistique.

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