Peut-on supprimer les réserves d'un magasin ?

Traditionnellement, un magasin est composé de la surface de vente, accessible au public, et de réserves permettant de stocker des marchandises avant la mise en rayon. Il n’y a là rien de bien nouveau. Déjà au 19ème siècle, avec l’avènement des Grands Bazars, puis des Grands Magasins, les surfaces « annexes », utilisées pour les réserves, la réception, le stockage, l’emballage, les expéditions, mais également les retours, les opérations administratives, occupaient des surfaces très importantes, souvent en sous-sol.
 
La plupart des magasins ont encore à ce jour des surfaces significatives affectées à ces réserves. Cependant, l’organisation de la distribution a permis une réduction importante des surfaces utilisées pour ces activités annexes. Les hypermarchés, grâce à un approvisionnement fréquent et une centralisation des stocks ont ainsi pu limiter voire supprimer ces espaces.
L’enjeu pour la distribution est énorme. Gagner 10 à 20% d’espace de vente pour des surfaces commerciales situées dans des retail parks ou des centres urbains constitue un potentiel de présentation de produits et par conséquent de rentabilité non négligeable.

Mais comment faire pour réduire, voire supprimer le stock en magasin, tout en maintenant des rayons bien achalandés et attractifs ?
La solution se trouve dans la logistique. Comme tout logisticien le sait si bien, on ne supprime pas un stock. On peut le maîtriser. Le plus souvent, on le déplace.
C’est ce qu’on choisit à Paris plusieurs grands groupes de distribution de prêt-à-porter ou de bricolage.
Ces enseignes ont mis en place en première périphérie des stocks de proximité, en quelque sorte des réserves de magasin « déportées » afin d’y stocker les principales références. Des flux quotidiens sont organisés entre cet entrepôt et les magasins, afin de les réapprovisionner. Idéalement, ces trajets sont effectués la nuit, afin de ne pas perturber l’activité du magasin.
Ce réapprovisionnement tient compte des ventes de la veille mais également des éléments extérieurs comme la météo ou les promotions. Ainsi, si les prévisions météo annoncent un jour pluvieux, le magasin commande à la réserve extérieure des parapluies et imperméables.
 
Un autre exemple est celui des Centres de Distribution Urbaine. Ce concept de consolidation des flux à un lieu proche de la zone dense urbaine permet également d’apporter des services aux commerces en gérant leurs réserves. C’est ce que propose le tout nouveau Centre Multimodal de Distribution Urbaine (CMDU) de Lille aux commerçants de centre-ville. Situé à quelques encablures du centre urbain piéton, le CMDU peut assurer cette fonction et approvisionner les magasins tous les jours voire deux fois dans journée.
 
Ce retour à la réserve, mais située à l’extérieur du magasin, en périphérie des grandes villes, présente de nombreux avantages.
Tout d’abord, la surface de vente est occupée à 100% pour l’activité commerciale. L’espace de vente et d’accès du public est agrandit, permettant d’optimiser le résultat du magasin.
La réserve peut jouer un rôle de régulateur et d’adaptation des flux en fonction des évènements.
Enfin, elle peut être mutualisée entre plusieurs magasins, permettant globalement une diminution du stock et une amélioration du service en réduisant les ruptures de stock dans les rayons.
La réserve centralisée peut également permettre de servir de support à une logistique multicanal.
La réserve déportée présente l’avantage de scinder les fonctions. La réserve à la logistique, le magasin au commerce.

Entrepôts et magasins font alors bon ménage !

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